C’est probablement très tôt que Rebecq a pu disposer d’un oratoire ou d’une église, construite à l’intérieur de son domaine foncier rebecquois par son propriétaire, l’abbaye de Nivelles. Cette église domaniale, que les historiens allemands appellent Eigenkirche, fut attribuée en propre à l’abbesse de Sainte-Gertrude en 1059. Elle était placée sous le patronage de saint Géry, évêque de Cambrai au VIe siècle. On ne sait rien d’autre concernant cette première église. Jusqu’en 1865 s’élevait sur la Grand-Place, face au café appelé jadis «Le Casino» et entourée de son cimetière, une église gothique datant du XVIe siècle. Des sondages archéologiques récents effectués dans le cadre des travaux d’aménagement de la Grand-Place ont fait apparaître des fondations en pierres et en briques de cette église, ainsi que des tombes. Cette église eut beaucoup à souffrir des destructions dues aux guerres: en 1593 seuls subsistent le chœur et la tour de l’église.
C’est ainsi qu’avait été reconnu l’état de vétusté de cet édifice, plusieurs fois reconstruit partiellement et profondément modifié au cours des ans.
À son arrivée à Rebecq en 1863, un nouveau curé, l’abbé Engelbert CAPPUYNS, se trouva confronté à une situation inacceptable : une vieille église, trop petite, pouvant contenir à peine 700 personnes, alors que la population de la paroisse dépassait 3000 âmes ; un bâtiment trop délabré aussi pour envisager sa restauration et son agrandissement. Tous les efforts du curé au cours de son pastorat vont être consacrés à la construction d’une nouvelle église.
Une belle occasion se présente lorsqu’un membre du Conseil, Lambert Joseph POLIET, lègue à la Fabrique d’église un terrain de 26 ares contigu au presbytère, vieille bâtisse du XVIIIe siècle, sans étage, humide et incommode.
Cette donation va permettre l’élaboration d’un vaste projet: démolir les anciens bâtiments, construire une église de grande dimension à l’emplacement de l’ancienne cure et y joindre à l’arrière un nouveau presbytère communiquant directement avec l’église par la sacristie, en l’état où nous les voyons aujourd’hui. L’étude de ce programme ambitieux est confiée à l’architecte provincial Émile COULON, qui a dirigé les travaux d’agrandissement de l’hospice.
Le projet dressé par l’architecte représente une église de style néo-roman, en forme de croix latine ; c’est un édifice très vaste : longueur 55,50 m ; largeur au transept 20,70 m ; hauteur des toitures 20,70 m ; hauteur de la tour (sous la flèche) 51,50 m. Le devis de l’entreprise s’élève à 154.300 fr.
Trouver l’argent nécessaire pour payer les travaux sera pour le curé CAPPUYNS la difficulté majeure à résoudre. Ses démarches incessantes réussirent à faire obtenir des
subventions de l’État, de la Province et de la Commune. L’argent public ne suffisant pas et le solde à couvrir étant encore bien considérable, il fallut recourir à d’autres moyens
de financement.
C’est ainsi que le curé ouvrit une liste de souscription: le duc d’Arenberg en tête, ainsi que les membres des familles influentes du village jusqu’aux plus humbles paroissiens rivalisèrent de générosité. C’était encore insuffisant ; alors une tombola fut organisée !
Les travaux purent enfin commencer en décembre 1865 et se poursuivirent jusqu’à la fin de l’année 1868. Le chantier avait été confié à l’association momentanée V. HERMANS, maître maçon, G. DUWÉ, maître menuisier et F.J. CORNET, menuisier-charpentier.
Les nouvelles constructions (église et presbytère réunis) avaient coûté 165.000 francs, soit si l’on applique le coefficient 200, environ 33.000.000 fr ou 825.000 €. (Cette
estimation est cependant toute relative, compte tenu de la fluctuation des prix de la main-d’œuvre et des matériaux.)
La nouvelle église fut solennellement consacrée le 3 juin 1872 par Monseigneur ANTHONIS, évêque auxiliaire de Malines. Les derniers travaux de restauration des peintures intérieures réalisés en 1996-1997 ont restitué à l’édifice, dans tout leur éclat d’origine, de magnifiques fresques de la fin du XIXe siècle.
• René DENYS mars 2012
Pour en savoir plus : René DENYS et Luc DELPORTE, Un grand chantier du XIXe
siècle: la construction de la nouvelle église Saint-Géry à Rebecq, Éditions du
CHIREL-BW, Comité Rebecq-Tubize, 1997